Au Verdon-sur-Mer, le projet de méga ferme-usine de saumons progresse : le dossier ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) vient d’être validé par les autorités publiques. Une enquête publique a été ouverte afin de recueillir les observations du public sur ce projet porté par l’entreprise Pure Salmon.
C’est une étape cruciale, qui va permettre aux citoyen·ne·s de s’exprimer et de participer au processus de décision, trop souvent mené sous le poids des lobbies industriels. Nous espérons que l’enquête publique augure l’abandon de ce projet destructeur qui comporte des risques de dommages irréversibles.
Pour rappel, alors que Pure Salmon promet une “ferme écologique”, il est en réalité question d’élever près de 3 millions de saumons par an - soit jusqu’à 500 poissons par mètre cube d’eau - dans l’équivalent de près de 250 piscines olympiques construites au coeur du Parc Marin et à la limite d’une Zone de Protection Spéciale Natura 2000. Or, ce type d’élevage, connu sous l’acronyme anglais RAS (Recirculating Aquaculture Systems), est expérimental : aucune usine en fonctionnement dans le monde n’atteint les 10 000 tonnes de saumons par an que Pure Salmon a l’intention de produire, et la technologie de pointe qu’il nécessite est sujette aux incidents techniques et aux erreurs humaines. Depuis 2014, sur 37 usines en fonctionnement, 16 évènements de mortalité de masse des saumons ont été recensés, à la suite de dysfonctionnements. Au Danemark, une fuite de chlorure du fer et un incendie de la même usine ont donné lieu à de graves pollutions du fjord et de l’air.
L’entreprise Pure Salmon, financée par un fonds d’investissement basé à Singapour, argue que ce projet répond aux exigences de “souveraineté alimentaire française”, alors que l’alimentation des saumons est dépendante des importations de soja en provenance du Brésil et de farines de poissons provenant notamment d’Afrique de l’Ouest, du Chili et du Pérou.
Nous sommes à un point de bascule critique où la voix et l’action de la société civile peuvent redessiner l’avenir des générations futures : à l’heure de l’urgence climatique, autoriser le pompage d'au moins 6500 m3 d’eau par jour, qu’il faudra ensuite désaliniser, dans une zone fragile en situation de stress hydrique, en plus des incertitudes liées à la qualité des rejets dans l’estuaire sauvage, doit tirer la sonnette d’alarme.
La consultation publique se termine le 19 janvier 2026. Vous avez maintenant la possibilité de vous exprimer et de faire entendre ce qu’il vous semble souhaitable pour notre santé à tous et toutes, la protection de nos écosystèmes, et celle des animaux.
La situation en bref
Les documents clés pour comprendre
le projet de fermes-usines au Verdon
Protégeons l'Estuaire


Document complet - Par le collectif Estuaire 2050
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En 3 minutes, comprenez pourquoi l'industrie d'élevage de saumons est une bombe écologique et sociale.

Pour aller plus loin
3 rapports complets pour comprendre les enjeux des usines de saumons
Bombes roses


Rapport d'enquête sur les impacts de l'industrie du saumons d'élevage.




Moratoire
Appel pour un moratoire sur les fermes-usines de saumons en France.
Nouveau rapport exclusif sur les dangers du développement des élevages intensifs terrestres de saumons.
Hors Sol
Questions fréquentes
Quels sont les risques pour l'eau ?
La zone dans laquelle Pure Salmon prévoit de construire son usine a été placée en état de “crise” par le Préfet de Gironde suite à des sécheresses en août 2024. Des restrictions de prélèvements d’eau ont été appliquées pour les usages domestiques et agricoles. De son côté, Pure Salmon a indiqué avoir besoin de pomper au moins 6 500 m3 d’eau par jour. L’industriel prévoit d’avoir recours à un processus de désalinisation de l’eau sans toutefois préciser la gestion des rejets liés à cette technique. Dans un contexte de raréfaction des ressources et d’urgence climatique, il est irresponsable de privilégier des technologies énergivores et onéreuses pour un usage industriel non essentiel, les foyers de la région ne bénéficiant pas d’un tel investissement.
Qu'en est-il des rejets ?
Aucune expertise scientifique indépendante n’a été menée pour déterminer l’impact des rejets en azote et phosphore de l’usine dans l’estuaire. L’estuaire de la Gironde est le dernier estuaire sauvage d’Europe et selon le Conseil Scientifique de l’Estuaire de la Gironde (CSEG) il a déjà perdu 60% de sa biodiversité.
Rejets annuels en azote équivalent à un élevage 8000 porcs et à 30 000 porcs pour le phosphore. Le risque est que les rejets conduisent à une situation d’eutrophisation - c’est-à-dire à un développement d’algues similaire au problème que connaît la Bretagne. Sans recul des conséquences à long terme des rejets sur l’écosystème de l’estuaire et sur le littoral de la Gironde et de la Charente-Maritime, l’installation d’un élevage hyper-intensif est préoccupante, d’autant plus en situation de dérèglement climatique où les risques de phénomènes brutaux augmentent (dont des submersions).
Quels sont les risques d'incidents dans l'usines ?
Ce type d’élevage intensif repose sur une technologie de pointe qui ne supporte aucune défaillance : hors, les incidents sur les usines en fonctionnement sont fréquents. Au Danemark, la fuite de chlorure de fer de la ferme-usine de l’industriel Atlantic Sapphire a contaminé le fjord. Quelques mois plus tard, l’usine a brûlé dans un incendie qui a emporté la totalité de ses infrastructures, laissant ainsi l’ensemble des produits chimiques et toxiques se déverser dans le fjord et s’évaporer dans l’air : une pollution toxique similaire engendrée par la ferme-usine de Pure Salmon aurait des conséquences désastreuses et irréversibles sur notre santé et sur l’environnement.
Si l’emplacement prévu pour accueillir l’usine Pure Salmon est une zone industrielle, les rejets de ses eaux usées - des eaux traitées mais non réutilisables pour les bassins des saumons - sont prévus dans l’estuaire, au cœur de 17 zones classées et protégées. Il faut appliquer le principe de précaution : l’estuaire sauvage de la Gironde est un réservoir de biodiversité qui abrite une flore unique et offre un abri privilégié de reproduction, nourricerie ou de repos à des milliers d’oiseaux migrateurs, des poissons rares et des tortues menacées d’extinction. 33 espèces d’oiseaux justifient le classement du site comme Zone de Protection Spéciale Natura 2000. Une augmentation de la mortalité de certaines espèces d’oiseaux, particulièrement menacées par la perte et l’altération de leurs habitats ainsi que par le dérangement dans leur zone de repos, de nidification et d’alimentation, serait incompatible avec leur survie.
Comment la biodiversité serait impactée ?
Quels sont les enjeux pour l'économie locale ?
Si comme en Bretagne, les rejets conduisent à un développement d’algues ou comme au Danemark, à une fuite d'un produit chimique toxique, c’est toute la production locale d'huîtres et de gambas qui risque d’être stoppée pour cause d’eau contaminée. En Charente-Maritime, premier département conchylicole de France, ce sont 643 producteur·ices, qui font travailler plus de 5000 personnes, qui verront leur situation économique directement impactée. Plutôt que le mettre en péril, il faut soutenir le secteur de la conchyliculture, une filière à faible impact sur l’environnement et qui contribue à la souveraineté alimentaire de la France, tout en pourvoyant des emplois. Ce secteur, tout comme les professionnels du tourisme, ont impérativement besoin d’une qualité d’eau excellente, ce qui deviendrait très incertain avec l’installation d’un élevage hyper-intensif comme Pure Salmon. Construire une usine d’une telle ampleur le long du littoral, c’est en effet risquer de ruiner l’investissement des vingt dernières années pour développer l’éco-tourisme de la région, tant pour la Gironde que la Charente-Maritime. La pollution sonore, esthétique et environnementale engrangée par les 12 camions quotidiens de l’usine s’ajoute au risque de pertes économiques de 410 millions d’euros si les 175 000 touristes ne viennent plus à la pointe du Médoc se baigner car la plage est fermée pour cause de pollution.
